Potage

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Potage polonais de champignons. Cette façon de faire dans une boule de pain évidée est répandue en Europe de l'Est.

Le potage est une préparation culinaire à base de plantes potagères (légumes racines et tiges) bouillies de façon à les ramollir et accompagnées éventuellement de viande ou de graisse. On obtient ainsi le pot-au-feu qui existe dans la cuisine médiévale. La daubière (qui sert à faire la daube) est le pot-à-potage sur le fourneau-potager qui est reconnu comme tel au 17e siècle[1].
Le service du repas a évolué au cours des siècles. Et l'importance et la place du potage dans le menu est variable. Dans les grandes réceptions il était suivi d'un rôti appelé « relevé de potage ». Il peut maintenant être plat principal dans un restaurant, dans la cuisine quotidienne issue de la cuisine classique.
Dans la langue française apparaît au 15e siècle la tournure « pour tout potage » concernant au départ une « pitance » médiocre (portion congrue monastique) et devient au 18e siècle l'expression de la non satisfaction à propos de quelque chose[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Monteriggioni édifié au 13e siècle, (donnant une idée de structure urbaine intra-muros maisons et jardins vivriers-vergers).

Les villes médiévales importantes au 12e siècle [note 1] ont une « ceinture verte » hors de la ville de jardins (avant la culture de la pomme de terre). Cela assure le confort des aristocrates et grands bourgeois pour leur alimentation. Ils y séjournent l'été.

Se trouvent aussi dans ces villes des jardins intra muros qui sont des petites parcelles cultivées d'« herbes potagères » en même temps qu'elles sont un verger. Dans les petits bourgs médiévaux en France, cet aménagement de type bâtiment et jardin attenant est fréquent (courtil à côté de la ferme)[3]. Ces jardins sont des jardins-potagers. Dès lors le mets appelé « potage » se met à exister[4] avec des contraintes sociales comme l'« écot »[5] dû à la commune et le droit seigneurial pour les repas comme celui du mariage. Dans beaucoup de ces villes sont créées à partir de ce moment des « places aux herbes », des « rues aux herbes », cela en Italie, en France, en Belgique etc. Cette pratique de se fournir en vivres perdure en changeant de nom pour le même lieu: « place du marché ».

Les plantes potagères après la Renaissance qui reprend le jardin Antique des grandes demeures ont tout d'abord prises comme plantes d'apparat avant de terminer à la cuisine (par ex. l'artichaut, le chou-fleur etc.)

Puis le potage évolue et déjà au 16e siècle contient des pâtes[6].

En France le « Potagier »[7] est le cuisinier dont le métier est de manier la marmite avec couvercle (le pot) sur le four potager, il s'occupe de ce qui n'est pas rot pour obtenir le potage. Le jardin potager est présent dans les châteaux au 17e siècle. Le cuisinier-potagier peut être un des « cuisinier de la bouche du Roi ». À l'étranger, des chefs de cuisine français sont attachés à de nombreuses cours royales (cf. Jardin du Roi à Versailles). Et selon Carême la consommation des « herbes du potage » permet de soigner ses maladies comme la "goutte" etc.

Culinairement, le bouillon est aromatisé avec des herbes. Il est servi chaud ou froid. On lui donne de la consistance avec du pain soit dans le bouilli (panade) soit en dehors du liquide en servant la préparation sur des tranchoirs médiévaux auxquels succèderont les « flûtes à potage »[8] et en buvant le bouillon en soupe qui a pu être épaissie par des farines cuites, du tapioca etc.

Dans l'usage actuel très répandu dans le monde, potage et soupe sont largement confondus et désignent une préparation plus ou moins liquide liés avec de nouveaux épaississants; ce n'était pas le cas au 19e siècle. C'est le cas dans la réforme de la cuisine au 20e siècle avec Escoffier où le potage « pouvait » contenir des aliments solides.

Un potage industriel en sachet fabriqué à partir de l'après-guerre peut cependant contenir des morceaux ajoutés dans le velouté obtenu par le mixer puis le tout déshydraté.

Les principes de la confection de potages[modifier | modifier le code]

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Selon Mme E. Saint-Ange, voici ce qui fait le potage: Les "herbes" que l'on fait "fondre" [dont on fait se réunir les saveurs et les vertus]. Ce sont l'oseille « la première » , le cerfeuil, la laitue, la poirée, le cresson, les épinard et même le poireau [blanc de -] qui font les potages aux "herbes". « certaines personnes y ajoutent la pimprenelle d'autres les feuilles tendres de céleri, le cœur de chou ». Le geste de passer au tamis rend le potage luxueux [avant la cuisine à l'électricité]. « La liaison finale aux jaunes d'œuf est une règle presque constante ».
Quelques exemples... Le potage Crécy : pp.145-146 basé sur la carotte en hiver n'utiliser que la partie périphérique pour l'étuver. Le potage Solférino p.167 est lisse et n'émergent dans le repas de réception que les morceaux de haricots verts; Le potage velours appartient à la cuisine moderne avec du tapioca p.146, des farines, fécule, arrow-root p.169, du riz p.153.
Des distinctions ne sont plus faites dans la cuisine moderne: par ex. l'"ox-tail" anglais et la soupe de queue de bœuf anciennement sur une brunoise de légume, avec comme "nouveau" colorant le vin de Porto et un peu de sucre et du liant. Quelques plantes ne sont plus des aliments (le pourpier...) ou bien sont dans une cuisine spécialisée (le topinambour); Et les purées de tous légumes étaient desséchées en cuisine. Sur la consistance : le velours était celui des légumes tamisé, le velouté est celui des légumes et des mets de viande liés à l'œuf et la crème, ce qui produit une impression flatteuse sur les sens (selon le français courant).

Typologie[modifier | modifier le code]

  • 50 potages fondateurs de la cuisine classique ([détail 1]) in Saint-Ange, la Cuisine de Madame Saint-Ange : recettes et méthodes de la bonne cuisine française (1300 recettes 110 dessins in texte 16 photos couleurs), Paris VIe, Librairie Larousse, , 1183 p. (ISBN 2-03-506107-5)
  • 52 potages pour Ginette Mathiot, dont un « économique » « pommes de terre râpée au bouillon et beurre  », (la "soupe à l'oignon" est la formule qui suit avec « oignon et farine » répertoriée « Potage » au sommaire), une panade, un velours... ([détail 2]) in Mathiot, LA CUISINE POUR TOUS : Que vous disposiez de 5 minutes ou de 3 heures 1200 recettes simples, originales faciles à réaliser, Paris, Albin Michel, (ISBN 2-253-00633-5)
  • 6 potages dans la 3e leçon de Pellaprat LES POTAGES. Le pot-au-feu « national », les bouillons, les consommés chauds et froids, les soupes aux légumes et soupes de poissons, les bisques, l'utilisation des potages en conserve « il suffit souvent d'une légère touche personnelle pour qu'ils prennent un petit air de « mijoté à la maison ». ([détail 3]) in Pellaprat, la cuisine en 20 leçons, Paris, J'AI LU/Flammarion,
  • 11 potages : « La cuisine française est faite d'odeurs. Sans oublier les couleurs » (96 pages et 86 photos de paysages de 8 régions avec leurs plats traditionnels en situation[détail 5]) in Colinet et Mathey, LA CUISINE DES PROVINCES DE FRANCE, Librairie Gründ, Paris/Octopus Book Ltd. Londres, , 96 p. (ISBN 2-70005123-8), imprimé par Mandarin Publishers Ltd. Hong-Kong. (Dans la même collection: La cuisine italienne La cuisine chinoise la cuisine espagnole et mexicaine).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. par exemple Lyon, avec Saint-Genis-Laval et son Château de Beauregard de la Maison de Gadagne et plus loin avec Mornantn; ces jardins comportent un système de retenues d'eau.
Détail des recettes répertoriées par livre-auteur
  1. Saint-Ange1927. – bisque d'écrevisse, p. 154 ; – brunoise, p. 140 ; – Compiègne, p. 176 ; – Condé, p. 175 ; – Crécy, p. 145 ; – Crécy à l'ancienne mode, p. 146 ; – Crécy à la bonne femme, p. 146 ; – au cresson, p. 158 ; – croûte au pot, p. 157 ; – aux herbes 168, 169 ; – aux herbes sans oseille, p. 170 ; – aux herbes à l'eau de poisson, p. 170 ; – julienne, p. 136 ; – ox-tail, p. 150 ; – Parmentier, p. 157 ; – paysanne, p. 143 ; – petite marmite, p. 133 ; – crème de poireaux, p. 157 ; – à la portugaise, p. 166 ; – pot-au-feu, p. 126 ; – pot-au-feu à chaud, p. 133 ; – pot-au-feu maigre p149 ; – pot-au-feu ordinaire, p. 131 ; – au potiron à la bonne femme, p. 159 ; – crème de potiron, p. 160 ; – au pourpier et pois frais, p. 156 ; – printanier, p. 142 ; – purée de chou-fleur, p. 162 ; – purée Conti à la brunoise, p. 174 ; – purée de fèves fraîches, p. 156 ; – purée de haricots blancs frais, p. 805 ; – purée de haricots blancs secs, p. 172 ; – purée de lentilles, p. 174 ; – purée de lentilles à l'oignon, p. 174 ; – purée de lentilles à l'oseille, p. 175 ; – purée de marrons, p. 164 ; – purée Palestine, p. 161 ; – purée de pois, p. 173 ; – queue de bœuf, p. 150 ; – à la reine, p. 153 ; – à la crème de riz, p. 163 ; – Saint-Germain, p. 147 ; – Saint-Germain façon grande cuisine, p. 148 ; – Saint-Germain façon ménagère, p. 148 ; – Solférino, p. 167 ; – aux tomates, p. 165 ; – aux tomates mode du Poitou, p. 165 ; – velours, p. 147 ; – veloutée, p. 176 ; – velouté à la Dubarry, p. 163
  2. Mathiot1955. p. 97-149 52 Potages: – à la liégeoise ; – à la minute ; – à l'ail ; – à la farine grillée ; – à la faubonne ; – à l'oignon ; – à l'oseille ; – au céléri ; – au cerfeuil ; – au chou-fleur ; – au concombre ; – au cresson ; – au macaroni ; – au persil ; – au poisson ; – au potiron ; – au riz ; – au vermicelle ; – aux asperges ; – aux champignons ; – aux choux ; – aux épinards ; – aux farines ; – aux fines herbes ; – aux haricots blancs ; – aux haricots rouges ; – aux haricots verts ; – aux légumes secs ; – aux lentilles ; – aux navets ; – aux petites pâtes ; – aux poireaux ; – aux pois ; – aux pois cassés ; – aux tomates ; – aux tomates ou italien ; – ambassadeur ; – aurore ; – bonne femme ; – champenois ; – Crécy ; – crème de haricot ; – économique ; – gratiné ; – julienne ; – au lait ; – maigre au riz ; – panade ; – de poisson ; – St-Germain ; – Soubise ; – velours ;
  3. Pellaprat 1966. 3e leçon : LES POTAGES pot-au-feu ; – potage au cresson ; – potage aux haricots blancs ; – potage aux pois cassés (dit Saint-Germain) ; – potage Crécy au riz ; – potage Parmentier
  4. Schaffner 1999. en italique plats allemands - Bœuf bourguignon mit Tagliatelle – Osso bucco alla milanese – Rindfleishbrühe mit Flädle (bouillon de bœuf à l'omelette aux herbes) – Kartoffelsuppe mit Laschs (soupe de pommes de terre à l'oignon et crème) – Tommaten-Gemüse-Suppe (soupe à la tomate haricot vert plat et carotte) – Chili con carne – Scharfe chinesische Suppe – Zuppa di pesce – Fusili ai frutti di mare – Cajun Schrimps (crevettes aux pois gourmands cèleri bouillon au citron) – Provenzalisches Schmorhuhn (poulet)
  5. Colinet et Mathey 1981. Baeckeoffe, Bouillabaisse, Coq au Chambertin, Daube, Œufs en matelote, Garbure, Potée, Piperade, Quenelles de brochet sauce Nantua, Ratatouille niçoise, Soupe au pistou.

références[modifier | modifier le code]

  1. « Le potager est un massif en maçonnerie à hauteur d'appui, sorte de fourneau rudimentaire présentant plusieurs petits foyers où on dépose les braises. » selon D'Aviler in Pérouse de Montclos, Principes d'analyse scientifique ARCHITECTURE : méthode et vocabulaire, EDITIONS DU PATRIMOINE - CENTRE DES MONUMENTS NATIONAUX, (ISBN 978-2-85822-593-4) p.472 index 230.
  2. Informations lexicographiques et étymologiques de « potage » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  3. Élise Gesbert Jardins ruraux, jardins urbains : le jardin dans le paysage médiéval, p.392, Les jardins au Moyen Âge : du XIe au début du XIVe siècle, Cahiers de Civilisation Médiévale, 2003, 46-184, p. 381-408 (consulté le 30/11/2021).
  4. Ca 1240 «aliments cuits au pot» (S. François, 1738 ds T.-L.), Informations lexicographiques et étymologiques de « potage » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  5. Informations lexicographiques et étymologiques de « écot » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  6. « 1505 macarons en potaige (Platine en françois [trad. du lat.], p. 73 r. d'apr. A. Vollenweider ds Vox rom. t. 22, p. 437) »Informations lexicographiques et étymologiques de « macaroni » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  7. Informations lexicographiques et étymologiques de « potager » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  8. Saint-Ange1927